Portrait de Yves Rouvière

auteurYves Rouvière est né le 3 décembre 1946 à Nîmes. Du lycée Daudet, il reçoit une formation solide et garde  en particulier une grande reconnaissance pour les soirées de ciné club quasi obligatoires au  »Majestic », organisées par son prof de Français ainsi que d’autres enseignants et qui ont déclenché  sa passion pour le septième art, qu’il enseignera beaucoup plus tard en BTS à Montpellier, puis à l’Université du Bas-Languedoc pendant 10 ans. Du reste il continue d’animer avec un groupe d’amis le petit ciné-club de Sète,  »CinéCToi ». Etudiant en Lettres, il obtient une maîtrise sur   »Luis Buñuel et le dix-huitième siècle français », participe évidemment aux luttes et aux espoirs suscités par Mai 68 : Las! personne de sa génération n’a oublié la manif organisée par André Malraux et les barons du gaullisme, suivi de la vague bleue qui  déferle sur l’Assemblée. Alors, comme il faut bien gagner sa croûte, il passe le concours de prof du technique : ces jeunes que le système scolaire a rejetés, n’ont-ils pas droit à la grande littérature et aux joies du cinéma?  C’est du moins sa conviction et il va y consacrer toute l’ énergie de sa jeunesse.

Après des débuts dans les brumes de Seine et Marne, plutôt rudes pour un méridional, il obtient en 1976 sa mutation pour la Corse, et c’est l’éblouissement… Du reste, il s’y marie et ses deux enfants naissent à Bastia.

Revenu dans le Midi en 1984,  il se passionnera toujours plus pour le cinéma et la littérature hispanique. C’est là  qu’un événement décisif se produit en fin de carrière, comme il l’explique dans la postface : grâce à un collègue d’Histoire, il découvre un récit de soldat espagnol signé Alonso de Contreras, 1633. Dans ces mémoires se trouve condensé tout ce qui l’a toujours passionné : l’espagnol, d’abord, dont il avait approfondi l’étude en explorant le boom du roman latino-américain ; la géographie de la Méditerranée, où nous promène Contreras en long en large et en travers ; l’Histoire enfin, avec ses fastes ( ne parle-t-on pas du  »siècle d’or »?), mais aussi ses horreurs connues ( les guerres) ou occultées ( l’inquisition créée pour accaparer les biens juifs et musulmans, l’exploitation coloniale à l’échelle du continent américain).

Commencent alors dix années de recherches où il passe au crible ce manuscrit, pour en débusquer les silences, les mensonges, les non-dits et les sous-entendus, afin d’en tirer un roman, car c’est bien d’un roman qu’il s’agit : vraiment, quel personnage flamboyant et quelle personnalité que ce Contreras!

Avec lui, c’est toute une époque qui revit, notamment les fantômes oubliés du Siècle d’or, comme ces Morisques qui reviennent plusieurs fois hanter le récit, non dans le but d’une quelconque et dérisoire repentance, mais plutôt comme  réflexion sur l’éternel retour des mécanismes historiques : conquête d’un empire, apogée, crise, déclin, recherche de boucs émissaire, persécutions, etc, etc.

Bref, l’Histoire avec sa grande hache, comme disait Georges Pérec.

Le premier tome (1582-1626) est publié fin 2013 et le deuxième  (1627-1655) en chantier.

1 Comment

  1. J’ai découvert ce roman il y a quelques jours. Il ne me lâche plus. Je découvre une facette de notre siècle d’or. Passionnant. Et la suite ?

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